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Vers un médicament « antirouille » pour la SEP ?

Un exemple de recherche fondamentale innovante, interuniversitaire et interdisciplinaire a été mené par le Prof. Tom Vanden Berghe. Avec le Prof. Peter Vandenabeele et la doctorante Emily Van San, dans une collaboration entre VIB/UGent et UAntwerpen, leur travaux portent sur la « ferroptose ».

Prof. Tom Vanden Berghe, VIB/UGent – UAntwerpen  « En effet, il existe dans notre corps une sorte de rouille biologique, qui est fondamentalement similaire à la rouille qui attaque le fer dans la nature. Pour sa croissance et son bon fonctionnement, notre organisme a besoin de fer et ce fer doit donc être bien protégé contre la rouille. Ainsi, la formation de rouille biologique, ou en jargon professionnel la ferroptose, peut entraîner des dommages dans le  cerveau. Dans notre labo, nous étudions la rouille biologique et l’inflammation dans le contexte de la SEP. Copyright: VIB Screening Core & UGent Expertise Centre for Bioassay Development and Screening (C-BIOS). Les cellules qui “rouillent” passent du jaune au vert, après quoi elles meurent et deviennent rouges.

L’effet de la SEP est comparable à celui d’un électricien qui retirerait la gaine isolante protectrice des fils électriques et causerait une panne. Dans le cerveau, ce sont les propres cellules immunitaires du corps qui attaquent la couche isolante des nerfs, la myéline, ce qui fait que les fibres nerveuses cessent de transmettre correctement les signaux au reste du corps. Sur la base de recherches précédentes, on sait déjà que le fer s’accumule au niveau des régions  endommagées du cerveau (plaques de SEP) et que la structure de la myéline est très sensible au fer.

Certaines protéines et vitamines ont un effet « antirouille », par exemple la vitamine E qu’on extrait des graines de tournesol. Malheureusement, il n’y a pas encore de médicaments « antirouille » sur le marché, même si des molécules sont en cours de développement en Europe et en Amérique. Dès lors, en collaboration avec le Professeur Koen Augustyns (@UAntwerpen), nous avons développé une nouvelle génération de substances chimiques antirouille, supérieure à plusieurs égards aux molécules développées antérieurement. Afin de déterminer si cette nouvelle génération d’antirouille aura un effet sur le tableau clinique de la SEP, le labo a mis au point un modèle de SEP récurrente-rémittente (RRMS) chez la souris. Cette forme de  SEP affecte 85 à 90 % des patients et comporte des périodes de récurrence caractérisées par des poussées inflammatoires de destruction de la myéline, suivies de rémissions où la myéline se reconstitue au moins partiellement et où les symptômes diminuent.

Nous avons tout d’abord constaté que le freinage de la rouille biologique – la ferroptose – s’accompagne d’un retardement de la récurrence suivante et d’une amélioration générale du tableau clinique. Evidemment, il reste encore à déterminer si cet effet, et donc l’utilisation d’une thérapie antirouille, constitue une nouvelle possibilité pour les patients atteints de SEP. Les thérapies actuelles freinent surtout le système immunitaire, tandis que les substances antirouille et, peut-être, des médicaments régénérateurs pourront à l’avenir y être ajoutés et permettre de bloquer à peu près complètement la maladie ».