Don online

L’imagerie de la SEP, oui... Mais avec des nuances !

Le présent Bulletin de la Fondation Charcot est consacré à l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Cette technologie est en constant progrès, et le docteur Solène Dauby nous explique ses projets de recherche dans ce domaine, avec le soutien financier de notre Fondation.

Cependant, l’IRM est très sensible pour détecter des anomalies mais peu spécifique quant à leur étiologie. Le diagnostic de SEP peut être faussement évoqué lors de la détection de petites anomalies sous forme de spots hyperintenses, qu’il ne faut pas confondre avec des plaques de SEP. Ces anomalies peuvent être dues à des troubles de la microcirculation sanguine, avoir une origine congénitale, être présentes chez des personnes migraineuses, diabétiques ou hypertendues… 

A l’opposé, il arrive que l’on détecte des lésions typiques de SEP chez des personnes qui subissent une IRM cérébrale pour un tout autre motif, par exemple des céphalées importantes ou un traumatisme crânien. Il s’agit alors d’un « syndrome radiologiquement isolé », chez des personnes qui vont développer la maladie dans les années qui viennent (c’est le cas chez 30 % d’entre elles dans les 3 ans) ou qui même ne développeront jamais la maladie : elles en seront porteuses mais n’en souffriront pas. Se pose alors le dilemme : doit-on traiter des images ou traiter des personnes qui ont des symptômes et des plaintes ? On ne traitera des images que si on est sûr et absolument sûr qu’elles vont être à l’origine d’une maladie et d’une atteinte à l’intégrité de la personne. 

Il existe aussi des patients présentant une première poussée de SEP, dont l’IRM révèle quelques lésions typiques mais millimétriques, qui n’évolueront plus jamais. Il s’agit souvent de membres d’une famille où il existe un cas grave de SEP. Il n’est donc pas nécessaire de traiter ces patients tout de suite et de manière agressive. On peut d’abord contrôler régulièrement les imageries et ne décider d’un traitement que si cette imagerie s’aggrave.

Il faut donc se méfier d’un surdiagnostic de SEP basé uniquement sur l’IRM et d’un surtraitement dans des formes spontanément non évolutives. Au contraire, bien évidemment, des lésions extensives et actives en imagerie nous pousseront à démarrer très tôt et très vite des traitements très agressifs pour étouffer la maladie dans l’œuf.

C’est là que la médecine redevient un art, dans la nuance, loin des algorithmes à appliquer aveuglément.

Prof. Dr Christian Sindic