Tout savoir sur la sclérose en plaques

La thérapie cellulaire : applicable à la SEP ?
Le mode d’action des médicaments immunomodulateurs décrits précédemment est globalement peu spécifique et induit des modifications très globales du système immunitaire, à l’unique exception de la Copaxone. Ceci est dû au fait que nous ne connaissons pas encore précisément les anomalies immunitaires qui provoquent spécifiquement la SEP. La thérapie cellulaire se propose de recalibrer le système immunitaire et d’en supprimer ainsi la composante auto-immune.
La première méthode, la plus radicale, est de traiter la SEP comme une leucémie : on détruit tous les globules blancs, dont les lymphocytes, par une chimiothérapie en ayant au préalable prélevé des cellules souches hématopoïetiques de la moëlle osseuse du patient. Ces cellules souches sont stimulées pour proliférer en laboratoire, puis réinjectées ensuite afin de reconstituer de nouvelles cellules sanguines et donc de nouvelles cellules immunitaires dont on peut espérer qu’elles ne contiennent plus de cellules auto-immunes. Il s’agit d’une transplantation de cellules souches « autologues » (provenant de soi). Ce traitement toujours « expérimental » est réservé à des patients jeunes ayant une maladie très active ne répondant pas ou insuffisamment aux médications actuelles. Dans une publication de 2018, le Groupe belge d’études de la SEP a défini des critères stricts pour proposer un tel traitement.
D’autres méthodes sont toujours expérimentales et en cours de développement. Il s’agit par exemple de prélever chez un patient des cellules « dendritiques » sanguines appartenant à l’immunité innée, de les cultiver en présence d’antigènes (molécules) de la myéline ou du cerveau dans des conditions particulières pour qu’elles deviennent tolérantes à ces antigènes (ne les reconnaissent plus comme des cibles étrangères), puis de les réinjecter au donneur. Elles n’activeront dès lors plus les lymphocytes T et B qui seront ainsi « désensibilisés ».
Une autre approche dérive de l’immunothérapie des cancers et consiste à modifier génétiquement les lymphocytes T du donneur pour qu’ils puissent attaquer et détruire les lymphocytes B, mieux et plus longtemps que ne le font Ocrevus ou Kesimpta. Il s’agit des cellules CAR-T (CAR pour Chimeric Antigenic Receptor) modifiées pour reconnaitre un antigène spécifique, le CD19, situé sur la membrane des lymphocytes B, et tuer ces cellules. Cette approche a déjà été testée dans une autre maladie auto-immune, le lupus érythémateux disséminé, et est aussi testé actuellement dans la SEP.
Enfin, les lymphocytes T régulateurs font l’objet de nombreuses recherches. Ces cellules ont un fonctionnement altéré et insuffisant dans la SEP. On vient de démontrer leur capacité de réparer des tissus détruits par une inflammation et même de réparer la myéline cérébrale. En théorie donc, l’administration de lymphocytes T régulateurs fonctionnels à un patient SEP pourrait rétablir sa tolérance immunitaire, stopper les attaques cérébrales, et favoriser la réparation des tissus cérébraux endommagés.
Il s’agit d’études initiales de faisabilité, fortement liées à la recherche fondamentale en immunologie, qui doivent faire leurs preuves d’efficacité et d’innocuité.
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