Bulletins scientifiques

Introduction
Les possibilités de traitement de la SEP ont considérablement évolué ces 30 dernières années. Avant 1993, seuls les traitements par corticoïdes et chimiothérapie pouvaient être administrés dans l’espoir d’influencer l’évolution de la maladie. En 2025, 16 médicaments différents sont enregistrés en Belgique pour le traitement de la sclérose en plaques récurrente-rémittente (SEP-RR). Ils sont disponibles sous diverses formes : comprimés, injections et perfusions. Deux d’entre eux peuvent être administrés pour traiter les formes progressives de SEP en cas de signes d’activité inflammatoire (ocrelizumab pour la SEP primaire progressive, siponimod pour la SEP secondaire progressive).
De l’hypothèse virale à l'interféron
Il y a plusieurs décennies, les scientifiques soupçonnaient déjà un lien entre les virus et l’apparition de la SEP. Les effets antiviraux de la protéine humaine, l’interféron, constituaient la base de la recherche dans les années 70 et 80. Les résultats encourageants d'une étude de grande envergure, randomisée, en double aveugle et contrôlée par placebo, menée en 1993 sur l'interféron bêta-1b dans la SEP-RR, ont marqué une étape importante dans le traitement de la SEP. En juillet 1993, l'interféron bêta-1b a été le premier médicament reconnu pour traiter la SEP-RR. De nouvelles études menées avec l'interféron bêta-1b et l'interféron bêta-1a ont confirmé qu’ils contribuaient à réduire le nombre et la sévérité des poussées et qu’ils agissaient sur la pathologie visible (imagerie).
Le modèle animal de la SEP
Les expérimentations sur les animaux, principalement des souris, ont permis de mieux comprendre le processus de la maladie et de tester de nouveaux médicaments pour traiter la SEP. L’encéphalomyélite auto-immune expérimentale, une neuroinflammation induite, est un modèle de référence de la SEP. L’acétate de glatiramère, un mélange de protéines synthétiques ressemblant à la myéline, s’est avéré capable de tromper le système immunitaire des animaux de laboratoire. Étant donné les résultats encourageants obtenus chez les personnes atteintes de SEP-RR, ce traitement a été approuvé par la FDA en octobre 1995. L’Europe a suivi quelques années plus tard.
Médicaments pour maladies auto-immunes
Après les résultats encourageants obtenus pour la maladie de Crohn, une maladie inflammatoire de l’intestin, l’utilisation du natalizumab a été évaluée dans de vastes études pour la SEP-RR. L'hypothèse selon laquelle les anticorps monoclonaux dirigés contre les protéines à la surface des cellules inflammatoires pouvaient ralentir le passage à travers la barrière hémato-encéphalique a été confirmée. Depuis décembre 2007, ce traitement (de deuxième ligne) très efficace contre la SEP-RR est disponible en Belgique sous forme de perfusion. Le fingolimod, le premier comprimé pour le traitement de la SEP-RR, a suivi en février 2012 comme traitement de deuxième intention. La rétention des lymphocytes dans les organes lymphoïdes a entraîné une baisse significative des inflammations. Précédemment, la recherche dans ce domaine était axée sur la prévention du rejet après une greffe rénale. Depuis, cette classe de médicaments a été complétée par l'ozanimod et le ponesimod (traitements de première intention pour la SEP-RR) et le siponimod (SEP secondaire progressive).
Élargissement des options thérapeutiques dans la SEP-RR
Le tériflunomide (2013) et le diméthylfumarate (2014), dérivés de médicaments utilisés respectivement pour le psoriasis et les rhumatismes, ont été introduits comme traitement de première ligne, avec des effets immunomodulateurs variés.
Trois anticorps monoclonaux différents ciblant une protéine de surface (CD20) des lymphocytes B (ocrelizumab, ofatumumab et ublituximab) sont ensuite apparus pour une utilisation en deuxième ligne. Leur administration par voie intraveineuse ou sous-cutanée entraîne une réduction significative des processus inflammatoires dans la SEP-RR. Le traitement par ocrelizumab a démontré un effet significatif sur la progression de la SEP primaire progressive avec activité inflammatoire. La cladribine, un traitement d'induction en comprimés, avec administration de la moitié de la dose la première année et de l'autre moitié la deuxième année, cible principalement les cellules à division rapide du système immunitaire dans la SEP-RR. L'alemtuzumab est un traitement d'induction intraveineux par anticorps monoclonaux dirigés contre les cellules immunitaires CD52+, utilisé en troisième ligne. Ces médicaments ont été étudiés dans le cadre de la SEP en raison de leur effet sur les cancers hématologiques.
Que font et ne font pas ces médicaments ?
Les médicaments actuels contre la SEP inhibent efficacement la réponse immunitaire hyperactive. L’immunosuppression comporte toutefois des inconvénients et des risques. Étant donné la diversité des mécanismes d'action et de l'évolution imprévisible de la maladie, il n'est pas simple de faire le choix le plus approprié pour une personne spécifique. Il n’est pas possible non plus de prévoir la réponse au traitement. Malheureusement, il n’existe à l’heure actuelle aucun médicament permettant de ralentir la lente évolution progressive de la maladie de manière significative, indépendamment des inflammations. Une nouvelle classe de médicaments, les inhibiteurs de BTK, pourrait peut-être apporter une solution. À suivre !
Marie B D’hooghe
Centre national de la SEP, Melsbroek
Médecine & Pharmacie, VU Brussel

Bulletin 58
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